« Écriture 4 » ou « La nature au coeur »

Ecriture IV-Pierre Leblanc-Montcalm-18« Écriture 4 » ou «  La nature au coeur »
Oeuvre de Pierre Leblanc
Aluminium, 2010
Centre communautaire de la Municipalité de Montcalm

Cliquez ici pour lire l’article de Denyse Perreault du journal Point de vue des Laurentides

La description qu’offre l’artiste de sa propre composition réfère à ses propriétés de forme et de style : « La murale est composée de trois éléments qui s’inscrivent analogiquement à une écriture dans l’espace ». Lyrique, faite d’éléments attachés les uns aux autres, mouvementée et essentiellement plane, l’œuvre s’assimile à un tracé continu d’un ensemble organisé et structuré de signes visuels dessinés sur une feuille. En ce sens, la sculpture tridimensionnelle (métal découpé) acquiert les propriétés visibles d’un dessin porté sur une surface plane. Le titre même de l’œuvre, « Écriture 4 », redit cette propriété qu’a l’œuvre sculptée de paraître dessinée. Elle s’inscrit également dans une série (le numérique « 4 ») d’œuvres réalisées par l’artiste selon un même procédé exploratoire sur les plans technique (métal découpé) et thématique (le motif emprunté à la flore).

Voici des photos de l’installation de l’oeuvre « Écriture 4 » ou « La nature au coeur» avec Pierre Leblanc et son fils Vincent Leblanc. Photos: Andrée Matte

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De Marc-Aurèle Fortin à Vaillancourt en passant par Miron

De Marc-Aurèle Fortin à Vaillancourt en passant par Miron
Alluminium brossé, coupé à l’eau, 2008
Emplacement sur les portes du Ministère de la Culture, 225 Grande Allée Est, Québec.

La morphologie et le sens des trois fragments composant l’œuvre dépendent de l’ensemble du lieu qui les entoure et des circonstances géographiques, historiques et anthropologiques dans lesquels ils s’insèrent. En effet, au moment d’énoncer la signification symbolique de chacun des trois éléments, l’artiste dit de l’arbre qu’il réfère au champ lexical suivant : «Colonisation, commerce, construction du lieu et villégiature». S’agissant d’un orme, l’œuvre s’inscrit à la fois dans la continuité du corpus de l’auteur, en guise de motif récurrent dans le vocabulaire plastique de l’artiste (voir, à cet  effet, l’œuvre intitulée De Marc-Aurèle Fortin à Vaillancourt en passant par Miron intégrée aux portes du Ministère de la Culture du Québec, réalisée en 2008), et dans la continuité de l’histoire de l’art du Québec, en tant que référence à la production célèbre du peintre moderne Marc-Aurèle Fortin.

L’artiste déclare à propos de la spirale qu’elle renvoie aux « Chemins sinueux autant routier(s) qu’anciennement ferroviaire(s) » constitutifs des voies historiques et actuelles de circulation serpentant au sein de la municipalité de Montcalm. Cette spirale adopte la forme d’une courbe plane décrivant des spires et des révolutions autour d’un pôle fixe, celui du tronc d’arbre, dont elle s’éloigne progressivement pour rejoindre le pôle opposé constitué par la tige de la feuille dont le limbe est disposé de manière renversée, liant ainsi les deux extrémités de la composition par leurs racines respectives. D’un même tenant, le tracé ou dessin spiralé se prolonge structurellement et symboliquement à l’intérieur même de l’arbre et de la feuille. Reliée au contexte hydrographique caractéristique de Montcalm, cette spirale est aussi investie par l’artiste d’une capacité à signifier les « Rivières avec [leurs] méandres » balisant l’ensemble du territoire municipal. La feuille, symbole cyclique dont les rameaux sont ici entrecoupés de vides laissant apparaître l’existence du mur sur lequel elle se détache et qui lui sert d’arrière-plan, symbolise pour sa part la «Continuité à travers les gens et leur descendance», de même que le «prolongement des occupants dans le temps sur l’avenir».

Tirant sa signification et sa valeur du contexte dans lequel l’œuvre s’insère, chacun de ces trois éléments se comprend dans sa relation aux différentes orientations du temps et à l’espace, et plus précisément dans sa relation aux époques marquantes et aux propriétés naturelles du territoire de la municipalité. L’arbre représente un orme, type aux proportions généreuses et monumentales (20 à 30 mètres de haut) à feuilles dentelées ainsi qu’au bois dur et lourd. Pensé dans sa relation à l’espace, il réaffirme les richesses naturelles constitutives de l’identité actuelle de la municipalité de Montcalm. On y souligne l’immensité d’un territoire encore vierge en maints endroits, à l’intérieur duquel continuent de s’épanouir une faune et une flore particulièrement riches. On y préserve en outre quantité de lacs sauvages et de réserves écologiques. En raison de ces propriétés, Montcalm constitue depuis le début du 20e siècle un haut lieu de villégiature que la municipalité qualifie au 21e siècle de havre de paix, de tranquillité, de calme. Dans son rapport au temps, l’arbre oriente l’œuvre vers le passé historique de la municipalité.

moulin-scie-duncan-1920

Moulin à scie Duncan
1920
Photo: Site web de la municipalité de Montcalm

Dès la fin du 19e siècle, des pionniers s’y adonnèrent à l’exploitation forestière puis à l’agriculture. À partir de 1920, des touristes en provenance de Montréal s’y rendirent par train à vapeur pour séjourner autour des nombreux lacs parsemant le territoire. Ces années de prospérité économique correspondent à l’érection du moulin à scie Duncan, à la pratique de l’agriculture, à la multiplication des commerces (restaurants et magasins généraux). En ce sens, l’arbre renvoie à l’état d’abondance et de richesse collective sur laquelle s’ouvrirent la colonisation et la fondation de la municipalité. Aujourd’hui, la coupe du bois préserve pour la municipalité le statut d’activité économique liée au patrimoine.

Si elle confère dynamisme, mouvement et tension dramatique à l’ensemble sur le plan esthétique, la spirale réfère à son tour aux propriétés locales, géographiques et hydrographiques de l’actuel territoire municipal, du fait des analogies formelles qu’elle entretient avec le tracé cartographique des rivières et des routes sinueuses qui le balisent. À terme, si la feuille remet l’accent sur les richesses naturelles caractérisant le territoire, elle renvoie tout autant à la communauté locale et à sa projection dans le temps « avec la nature comme alliée pour édifier le futur ». Symbole cyclique universel, elle acquiert de la sorte une signification anthropologique (la population faite de générations qui se succèdent) et temporelle (la projection de cette communauté dans l’avenir). Érigée par l’artiste au statut de symbole des générations passées, présentes et futures occupant le territoire, orientée vers l’avenir, elle s’harmonise simultanément à la mission du Centre communautaire. En effet, au niveau de l’organisation de la vie communautaire, le Centre jouera le rôle d’un espace de jeu multifonction à l’intérieur duquel se dérouleront maintes activités chargées de prévenir l’isolement de certains groupes d’individus (jeunes, mères, retraités), de créer un climat de solidarité, de stimuler les actions communautaires et de multiplier les occasions de rencontres entre anciens et nouveaux résidents, entre individus appartenant à diverses générations.

Centre communautaire de la municipalité de Montcalm

Aussi, le choix d’ériger une nouvelle infrastructure récréative et de la localiser dans le cœur du noyau villageois de Montcalm (village de Weir, aux abords du Lac Rond et en face de la caserne et de la bibliothèque municipale) devrait contribuer à la redéfinition d’un repère identitaire central et singulier, susceptible de réunifier les petites communautés éparpillées sur le territoire. Interprétée comme évocation d’une richesse naturelle performant comme « alliée pour édifier le futur », la feuille peut encore référer au rôle qu’aura le projet du Centre communautaire de susciter, en tant qu’infrastructure réunissant un nombre accru d’individus en un même lieu et à fréquence élevée, l’avènement de services commerciaux et de proximité dont l’implantation participerait de la revitalisation économique du secteur villageois de la municipalité de Montcalm.

Recevant le traitement plastique d’un tracé linéaire continu et ininterrompu dans l’espace, l’œuvre n’a ni amont, ni aval, elle n’a point de commencement, point de clôture. Elle se confond ainsi avec l’infini, propriété que renforce sa triple orientation simultanée vers le passé, le présent et le futur de Montcalm.

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